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Plus d'efficacité, moins de fatigue

Photo du rédacteur: julie higounetjulie higounet

La réforme qui pourrait révolutionner la vie professionnelle des enseignants 💡l'hybridation des carrières💡


Le ministre de l’Education nationale a formulé trois “exigences” le 22 décembre dernier : “améliorer le niveau des élèves, la mixité sociale et le fonctionnement de l'école”.

Y répondre passera nécessairement par les enseignants.


À l’heure de ChatGPT, le métier se transforme en profondeur pour intégrer de nouvelles compétences (créativité, communication, entrepreneuriat, esprit critique..), de nouveaux savoirs (climat, environnement, numérique, IA…) et nécessite des pratiques et postures professionnelles en accord avec ces besoins émergents. Ces savoirs faire nouveaux ne peuvent être acquis en quelques heures de formation et demandent un investissement constant.


Alors comment faire de l’enseignement un choix de carrière attractif, malgré l'investissement important et les évolutions sans commune mesure en cours ?


C’est une question centrale à laquelle les pouvoirs politiques tentent de répondre un peu partout dans le monde. Au moment où se pose enfin la question en France de la revalorisation salariale des enseignants, c’est par l’ajout de “missions supplémentaires” que vient principalement la réponse. Si l’idée est séduisante, elle mériterait d’engager l’exploration de vraies voies nouvelles pour enrichir les métiers de l’éducation. La diversification des modèles de carrière actuels est une obligation pour retrouver envie, reconnaissance et satisfaction.


  1. Des carrières aujourd’hui limitées et verticalement orientées


Les enseignants ont aujourd’hui peu de possibilités de faire évoluer leur carrière et de développer de nouveaux champs de compétences. La description du poste le premier jour, peut-être exactement la même que celle du dernier jour, en fin de parcours. Le scénario d’évolution de carrière se limite à passer des concours internes de cadre (chef d’établissement, inspecteur, formateur…) ; une chaîne hiérarchique bien rodée avec, au final, peu de diversité de carrière possible à l’intérieur de la salle de classe. Autrement dit, aucune possibilité n’est offerte pour investir pleinement ses propres questionnements avec d’autres professionnels ou partager son expertise de manière reconnue, certifiée par l’institution.

La révolution tranquille dans les années 60 [1] a vu le Canada supprimer l’ensemble des corps d’inspection. Plusieurs pays d’Europe en ont aussi fait un deuil heureux pour permettre de rentrer pleinement dans une relation andragogique. Des adultes parlent et travaillent avec d’autres adultes dans un dialogue complémentaire sans note, avis, jugement.

L’UNESCO a récemment mis en lumière l’avantage d’offres de promotions horizontales (chef de projet, mentor, responsable webradio, enseignement d’exploration…) qui contribuent à valoriser concrètement les enseignants mais aussi à garder les plus investis dans les classes [2].

Alors alors.. que faire… ?


2. Une hybridation de la profession pour des carrières revisitées et d’autres compétences développées

Penser en mode hybride aide à s'adapter aux changements rapides et aux défis complexes qui caractérisent notre époque. Post Covid, ce n’est plus une option mais une urgence. Favoriser la collaboration et la communication entre les personnes provenant de différents horizons et disciplines, apprendre à travailler avec d’autres, en partageant des connaissances et en combinant des approches différentes, est le chemin qu’il faut avoir le courage de prendre .


Donc le début de solution pour les carrières, l’hybridation telle que pensée par la philosophe Gabrielle Halpern :

“L'hybridation sociale, économique, professionnelle, territoriale, générationnelle constitue le grand enjeu politique des années à venir pour détruire les fractures actuelles !” [3]

Il en est de même pour la profession enseignante. Se limiter au seul acte d’enseignement est devenu, aujourd’hui, insuffisant. Ouvrir à l’hybridation du métier et penser que les services d’enseignement peuvent être ajustés et complétés de “missions de valeur”, c’est offrir aux élèves des profils d'enseignants aux compétences renouvelées et mieux à même de répondre à la complexité du monde.

Cette hybridation de la profession peut passer par plusieurs voies complémentaires :


a. Des mentors à tous les étages

Le mentorat a largement fait ses preuves en tant que dispositif d'accompagnement des enseignants novices ou experts. Que ce soit pour une entrée dans le métier ou un accompagnement dans un nouvel environnement, le mentorat est aujourd'hui l'un des dispositifs favorisant des transformations de pratique durables. [4]

Ce dispositif favorise aussi la rétention des enseignants en aidant à:


  • renforcer la communauté éducation,

  • dynamiser le développement professionnel,

  • améliorer la qualité des enseignements,

  • ouvrir les portes d’une créativité propice à l’innovation


b. Des chercheurs une partie du temps

Autre hybridation possible… celle avec le monde de la recherche.

La recherche devrait faire partie intégrante du quotidien de la profession enseignante. Bon nombre de systèmes éducatifs, dont Baccalauréat international [5], ont décidé d’en faire un élément central de leur fonctionnement. Plusieurs raisons :


  • rester à jour sur les dernières avancées dans leur domaine d'enseignement, en incluant des informations et des approches pédagogiques récentes (Neurosciences, sciences cognitives, IA…),

  • faciliter la compréhension des besoins et des défis des élèves, tous nés au 21e siècle. Comprendre les liens entre apprentissage et motivation, quelle place accorder à la coopération, aux “Soft ou life skills”…

  • développer des stratégies d'enseignement innovantes, en cohérence avec les relevés effectués directement dans les classes. [6]



c. Des conseillers en apprenance

Des champs d'expertise à part entière sont développés par les enseignants sur le terrain. Il faut les reconnaître et les valoriser. Qu’il s'agisse d’utilisation du numérique, de coopération, de dispositifs d’évaluation inclusifs, de travail par projet, d’accessibilité, de mise en œuvre des compétences de vie… Ces pratiques expertes méritent d’être partagées et diffusées largement. La contextualisation pragmatique proposée entre pairs représente un vecteur de progression et d’appropriation fort. L’ancrage terrain et la force de l’exemple éprouvé par un pair sont des leviers importants pour conduire le changement, donner envie et rassurer.


Alors...

Enseignant oui ... mais une partie du temps seulement, pour mieux accompagner les pairs, questionner le système et bien accueillir les élèves.

Les enseignants qui adhèrent aux approches d’apprentissage tout au long de la vie sont ceux qui parviennent le mieux à créer de l’innovation et de l’inclusion dans leurs classes. C’est ce dont la France a aujourd’hui immensément besoin. L’hybridation des métiers est une voie possible pour permettre à ces apprentissages d’exister, et vivre pleinement dans un quotidien professionnel réinventé. C’est aussi une voie pour générer des ouvertures sur des chemins inattendus en pensant avec d’autres le système et ses évolutions. C’est ce qui permettra de mettre un coup d'accélérateur à la transformation de cette profession, à sa valorisation et donc à l’organisation scolaire dans son ensemble.


Références:

[1] Révolution tranquille, Encyclopédie Canadienne

[2] Teacher career reforms: learning from experience, UNESCO, 2018

[3] Gabrielle Halpern, Tous Centaures, 2019


 
 
 

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